Seuls, tous deux, ravis, chantants, Comme on s'aime; Comme on cueille le printemps Que Dieu sème. Quels rires étincelants Dans ces ombres, Jadis pleines de fronts blancs, De coeurs sombres. On est tout frais mariés, On s'envoie Les charmants cris variés De la joie! Frais échos mèlés Au vent qui frissonne. Gaîté que le noir couvent Assaisonne. On effeuille des jasmins Sur la pierre. Où l'abbesse joint les mains, En prière. Les tombeaux, de croix marqués, Font partie De ces jeux, un peu piqués Par l'ortie. On se cherche, on se poursuit, On sent croître Ton aube, Amour, dans la nuit Du vieux cloître. On s'en va se becquetant, On s'adôre, On s'embrasse à chaque instant, Puis encore, Sous les piliers, les arceaux, Et les marbres, C'est l'histoire des oiseaux Dans les arbres.