De mon berger volage J'entends le flageolet. De ce nouvel hommage Je ne suis plus l'objet; Je l'entends qui fredonne Pour une autre que moi. Hélas ! que j'étais bonne De lui donner ma foi ! Autrefois l'infidèle Faisait dire aux échos Que j'étais la plus belle Des filles du hameau ; Que j'étais sa bergère, Qu'il était mon berger; Que je serais légère Sans qu'il devînt léger. Un jour c'était ma fête, Il vint de grand matin ; De fleurs ornant ma tête, Il plaignait son destin Il dit : « Veux-tu, cruelle, Jouir de mes tourments ? » Je dis: « Sois-moi fidèle, Et laisse faire au temps ! » Le printemps qui vit naître Des volages ardeurs Les a vu disparaître Aussitôt que les fleurs; Mais, s'il ramène à Flore Les inconstants zéphirs, Ne pourrait-il encore Ramener ses désirs?