Près du fleuve étranger, conduits par nos vainqueurs, Nous nous sommes assis, lassés de tant d'alarmes, Ton souvenir, Sion, a vibré dans nos cœurs, Et nous tournons vers toi nos yeux remplis de larmes ! Au saule incliné sur le bord Notre harpe qui se balance Mêle à nos pleurs, dans le silence, La voix de son plaintif accord... Au sein de leurs impures fêtes, Parmi leurs autels détestés, Nos tyrans nous ont dit : Chantez, chantez les chants sacrés de vos prophètes ! Seigneur, sous ce joug odieux, Séparés de nos lois antiques, Comment chanter tes saints cantiques Loin du temple de nos aïeux ! Jérusalem, chère patrie ! Que mon sang se glace en mes doigts, Que ma lèvre reste sans voix, Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem ! Que ma lèvre reste sans voix, Jérusalem ! si je t'oublie. Malheur à toi ! fille de Babylone, Nous fuirons ton impur séjour ! Et l'Éternel brisant ton trône Fera pâlir ton dernier jour ! Tes ennemis, dans leur colère, Viendront, de leurs bras triomphants, A tes yeux, briser sur la pierre, Le front maudit de tes enfants. Malheur à toi, fille de Babylone, Malheur ! Malheur ! Malheur !